Interview de l’Ambassadeur de Palestine dans l’Hérault du Jour (invité à Montpellier par le Collectif Palestine 34)

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Parue le lundi 13 mai 2013

Vous venez à Montpellier parler de l’annexion de Jérusalem-Est par Israël. En quoi cette colonisation est-elle un obstacle majeur à la paix?

Bien que berceau des trois religions monothéistes, Jérusalem a été depuis 1967 la cible systématique de politiques visant à assurer le contrôle exclusif de la ville, par Israël. Cette prise de contrôle s’est faite aux dépens de la population palestinienne, chrétienne et musulmane. L’occupation de Jérusalem Est, et par la suite son annexion en 1980, s’est effectuée en parfaite violation du droit international. Elle est, jusqu’à ce jour, rejetée uniformément par la communauté internationale. Ce faisant, Israël mine la possibilité d’une solution à deux Etats viables, ce qui constitue immanquablement un obstacle majeur à la paix. Je pourrais d’ailleurs me contenter de vous citer la résolution 476 (1980) du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui réaffirme que « toutes les mesures (…) prises par Israël, la Puissance occupante, en vue de modifier le caractère et le statut de la Ville sainte de Jérusalem n’ont aucune validité en droit (…) et font en outre gravement obstacle à l’instauration d’une paix d’ensemble, juste et durable, au Moyen-Orient ».

La position du Hamas à Gaza, n’est-elle pas également un obstacle à la paix ?

Malgré les divergences idéologiques et politiques avec le mouvement islamique du Hamas, l’OLP, en tant que représentant légitime du peuple palestinien, reconnait le Hamas comme l’une des parties de la société palestinienne. Avec le temps, plutôt que de radicaliser le Hamas en l’isolant, scission qui sert les intérêts d’Israël, l’OLP travaille maintenant à rapprocher le Hamas du programme national, et dont l’OLP est le représentant. Depuis 2007, Israël exploite cette scission comme prétexte pour interrompre les négociations. Travailler à rompre cette scission, c’est se dresser comme partenaire fort de son unité pour réaliser les objectifs palestiniens : une paix juste et durable, basée sur l’idée d’un Etat palestinien démocratique, à l’intérieur des frontières de 1967. Bien qu’Israël travaille à l’escalade de la violence, sur Gaza, ces efforts sont payants : aujourd’hui, le Hamas lui-même s’est placé sur le terrain du Président Abbas, en acceptant notamment une trêve complète, la résistance populaire non-violente, la tenue d’élections démocratiques, un Etat palestinien à côté d’un Etat israélien, en bon voisinage. La question est désormais de savoir, une fois la réconciliation nationale effectuée, quels prochains prétextes Israël prendra afin de continuer à saboter l’espoir d’une résolution du conflit.

En quoi la solidarité internationale peut-elle aider les milliers de Palestiniens détenus dans des conditions dramatiques en Israël ?

L’un des drames de la Palestine, c’est d’avoir été oubliée pendant un temps. La solidarité internationale témoigne à ces milliers de Palestiniens prisonniers qu’on ne les oublie pas, et que l’on peut encore s’insurger pour eux. Il faut bien comprendre que nous ne réclamons ni plus ni moins qu’un traitement similaire à tous ceux qui sont faits partout dans le monde. La cause palestinienne dépasse les Palestiniens. C’est avant tout une cause humaine, un partage de valeurs, qui transcende les frontières. Quand tous étaient solidaires avec l’Afrique du Sud, il s’agissait d’une cause universelle. Nous souhaitons qu’à l’instar de l’Afrique du Sud, et de toutes ces causes internationales, la Palestine ne bénéficie pas d’un traitement particulier, comme l’oubli notamment, ou encore la banalisation de sa souffrance. En ce sens, la solidarité internationale peut bien sûr aider ces milliers de détenus, parce qu’elle leur rappelle qu’ils ne sont pas seuls, et que leur cause est juste.

 

La Palestine est devenue il y a quelques mois un Etat observateur de l’ONU, Google vient de remplacer le terme Territoires palestiniens par Palestine. Est-ce que ce sont  de réelles avancées pour votre peuple ?

Nous ne considérons pas ces deux événements comme une victoire pour la Palestine, mais plutôt comme un réajustement de la justice, longuement bafouée. Nous sommes encore loin de nous trouver sur un pied d’égalité avec Israël. Il s’agit surtout à nos yeux d’un déclin, d’un recul de la politique arrogante de l’Etat d’Israël, qui souhaiterait que soit considéré comme un sous-homme le peuple palestinien, et qui a d’ailleurs employé, jusqu’à aujourd’hui, toute sa machine médiatique, administrative, militaire, et ses alliés derrière, pour s’accaparer et déformer la réalité palestinienne.

La Ligue Arabe soutenue par les Etats-Unis a fait des propositions pour relancer le processus de paix ? Sont-elles conformes à vos vœux ?

Les paramètres de la solution sont connus et reconnus, par le droit et par la communauté internationale, si bien sûr nous souhaitons préserver la solution de deux Etats. Nous ne posons aucune condition préalable à la reprise des négociations, nous demandons seulement qu’Israël respecte ses obligations, en vertu du droit international. C’est la raison pour laquelle les Palestiniens déclarent leur refus à l’hypocrisie : aucune négociation ne peut être viable sans l’arrêt total des avancées coloniales (en 2012, elles sont en hausse de 250% de plus qu’en 2011), sans non plus la libération des 4700 prisonniers politiques (dont 190 enfants et 15 élus), et encore moins sans la reconnaissances des frontières palestiniennes. Telle est notre conception du respect du droit international. Des gestes de bonnes volonté  ne le sont pas s’ils sont en deçà de ces obligations auxquelles est tenue Israël. Concernant la proposition soutenue par la Ligue Arabe, nous pensons que la solution de deux Etats doit être appliquée dans la reconnaissance des frontières de 67, en tant qu’intrinsèques à l’Etat palestinien. Sans cette reconnaissance, aucun échange territorial ne peut être à l’ordre du jour.

Propos recueillis par Annie Menras, l’Hérault du Jour

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