A Montpellier, Jérusalem capitale indivisible d’Israël ? Pas si sûr !

Depuis 35 ans, le Centre Culturel Communautaire Juif (CCCJ) de Montpellier célébrait la « réunification de Jérusalem, capitale indivisible d’Israël ». Cette « Journée de Jérusalem » avait été instaurée avec l’appui déterminé de Georges Frêche.

Chaque année, la municipalité de Montpellier soutenait cette manifestation par une campagne de communication dans la ville (affichages, banderoles avec le logo de la Ville), accordait une subvention de fonctionnement à motif « culturel », mettait gracieusement à disposition le domaine de Grammont pour y tenir cet événement. De surcroît la municipalité mandatait un élu pour soutenir cet événement par une prise de parole.

Le Conseil Régional du Languedoc-Roussillon, l’Agglomération de Montpellier et le Conseil Général de l’Hérault soutenaient aussi cet événement à des degrés divers mais toujours par la participation d’un élu. Les prises de parole de tous ces élus se faisaient à la tribune où était affichée une banderole « Anniversaire de la Réunification de Jérusalem ».

Régulièrement l’Afps34 avec ses partenaires organisait des rassemblements, envoyait des lettres de protestation. Mais cela continuait.

En 2012 puis janvier 2013 le Collectif Palestine 34, regroupement de 24 organisations très diverses, s’adressait à tous les élus de ces collectivités territoriales et les rappelait à leurs obligations en s’appuyant sur les résolutions 476 et 478 de 1980 du Conseil de Sécurité :

« Nous ne contestons pas le droit d’une organisation communautaire à tenir une réunion ni à manifester son attachement à Jérusalem. Cependant cet événement, présenté comme une simple manifestation conviviale et festive, est une grave imposture au regard du droit international.

Célébrer Jérusalem capitale éternelle, c’est afficher un soutien inconditionnel à un état qui poursuit une stratégie méthodique d’annexion du « grand Jérusalem » ce qui rendra impossible une paix israélo-palestinienne.

Le 29 novembre 2012 l’ONU votait l’admission de l’état de Palestine à l’ONU. La résolution indiquait clairement que ses frontières sont celles d’avant la guerre de 1967 incluant explicitement Jérusalem-Est. La France a voté cette résolution.

L’annexion de Jérusalem-Est, tout comme la colonisation du reste de la Cisjordanie, est l’obstacle principal à la réalisation effective de l’état palestinien et à la paix entre les peuples palestinien et israélien. Une collectivité territoriale française, des élus français, ne peuvent soutenir et encore moins fêter la violation du droit international en contradiction avec la politique internationale française et de surcroit agir contre la paix. »

Par ailleurs, les choses commençaient à bouger : un vœu soutenant la demande d’admission de la Palestine à l’ONU était adopté en 2011 par le Conseil Général et par le Conseil Municipal, puis Montpellier se jumelait avec Bethléem en 2012.

Mais des avancées suivies de reculs : sous la pression du Crif – à la suite de la venue de Prasquier pour une conférence à Montpellier – refus de hisser le drapeau palestinien au côté des drapeaux des autres villes jumelles, refus de mettre le mot « Palestine » sur la plaque commémorative tant qu’il n’y avait pas d’Etat de Palestine …

Une bataille de plusieurs mois par conférences de presse, tribunes et articles de presse, intervention de la mairie de Bethléem finit par annuler ces décisions scandaleuses. Après des valses hésitations les choses sont rentrées dans l’ordre.

Et en septembre 2012, à l’occasion de la fête des villes jumelles, la représentante de la municipalité de Bethléem saluait, lors de sa prise de parole, la décision du Conseil Régional Ile de France de coopérer avec le Gouvernorat Palestinien de Jérusalem (Jérusalem-Est) critiquant ainsi le soutien apporté à la « Journée de Jérusalem ». Et ce malgré une tentative d’écourter son discours au prétexte d’un manque de temps ! Comment coopérer avec Bethléem en faisant l’impasse sur les liens séculaires avec Jérusalem ? En ignorant la colonisation de Jérusalem-Est qui étouffe Bethléem ?

Puis en mai 2013, le Collectif Palestine 34 organisait une conférence avec Hael Al Fahoum, Ambassadeur de Palestine, Jacques Picard, conseiller régional Ile de France et Henri Bertholet, anciennement député et Maire de Romans-sur-Isère avec pour thème « Agir pour la Paix en Palestine occupée ». A cette occasion la Municipalité et le Conseil Général recevaient l’Ambassadeur de Palestine avec une délégation du Collectif Palestine 34, une première. Les échanges ont été positifs.

Cette année le CCCJ a tenu son événement sur Jérusalem le 23 juin. Mais avec une différence sensible. Il ne s’agissait plus de Jérusalem capitale d’Israël. Le slogan et les flyers indiquaient « Jérusalem, mémoire et modernité ».

A la tribune il n’y avait plus la banderole « Anniversaire de la Réunification de Jérusalem » mais « Nous sommes tous des citoyens de Jérusalem – Jérusalem Solidarité ». Et sur le site ou page facebook de la CCCJ aucune photo d’élus apportant leur soutien.

Selon le journal local le Midi Libre, lors de son allocution la présidente de la CCCJ déclare : « Nous avons conscience de la complexité des questions que pose Jérusalem et nous n’avons pas toutes les réponses ». Elle ajoute : « Ce à quoi nous croyons, c’est que le peuple juif aura toujours pour cette ville un attachement indéfectible ».

Ce n’est plus la « Journée de Jérusalem » à l’ancienne mode. Mais il reste du chemin à faire pour que le l’application du droit international soit reconnue comme seul moyen d’en finir avec l’occupation israélienne et pour que la Palestine et Israël puisse vivre en paix, cote à cote.

Robert Kissous, Afps 34 Montpellier

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Association France Palestine solidarité Section de l'Hérault
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